Malheureusement ce funeste événement ne fait que médiatiser cette violence quotidienne vécue par de nombreux enseignants ! Ce n’est pas nouveau mais l’administration a toujours caché et chercher à atténuer les nombreux signaux d’alarme ! On prend aujourd’hui conscience des risques et des conditions de travail tellement inacceptables tant pour les personnels que pour nos enfants ! Il est vrai que l’enseignant n’est pas seul dans sa classe car il y a aussi tous les élèves qui craignent et subissent ces violences quotidiennes ! C’est Intolérable ! Malgré tous ces profs sont seuls pour lutter contre ces violences et faire respecter le droit dans la classe une fois la porte close ! Qui les soutient ? Il faut toujours faire face sans faire de vagues. Combien de temps durera cette compassion ? Il faut plutôt travailler ensemble pour faire société et avoir des projets sociétaux communs ! Pour cela, il faudrait un bouleversement radical des habitudes actuelles !

Très touchée par la décapitation du professeur. Dans les années 90, j’étais chargée d’école à la campagne dans un petit village de la Nièvre. A Dommartin près de Château Chinon très exactement. Sont arrivés dans ma classe des enfants de djihadistes dont les parents venaient d’être embauchés pour être gardiens du Château de Saint Léger de Fougeret qui avait été acheté avec la bénédiction de François Mitterrand pour devenir une école coranique. Avec mes élèves je pratiquais la natation, nous partions faire du vélo une fois par semaine….très peu de temps après, j’ai reçu un certificat médical signé par un médecin de Château Chinon pour que les deux fillettes ne participent ni à la piscine, ni aux sorties vélo. Lorsque nous délivrons des sujets sur le corps en science, c’était les quatre enfants, filles et garçons qui se retournaient dans la classe pour ne pas regarder le tableau…j’en avais informé mon inspecteur qui m’a dit de me calmer …ce n’était pas grave et j’étais trop féministe…nous étions déjà dur le « pas de vagues  » par la hiérarchie. Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui !! Dans combien de temps le statut des femmes françaises sera-t-il fragilisé ? Bientôt je suppose et pas de vague continuera de dire la hiérarchie !

Vous avez intitulé votre émission « OU s’apprend la laïcité », elle n’est pas d’actualité. Vous allez inviter chercheurs et penseurs qui sauront bien sur mieux que nous ce qu’il faut faire. La question d’actualité à poser aurait pu être comment en est-on arrivé à ce qu’un enseignant puisse se faire traiter de voyou sur les réseaux sociaux sans que cela choque réellement quiconque. Mais enfin n’est-ce pas naturel désormais de nous affubler de noms d’oiseaux, de nous rendre responsables de tous les maux. L’année dernière j’ai été menacé par un élève de représailles de la part de son grand frère. Les collègues m’ont conseillé de me méfier mais pas l’ombre du début d’un commencement de protection envisagée par ma hiérarchie. Alors on a peur en silence et l’on attend. Ce qui est effroyable pour un enseignant dans ce drame c’est que l’on sait à quel point notre collègue a dû se sentir seul face à ce danger. Le ministre Blanquer a dit que l’institution avait été irréprochable, fermer le ban ; et aucun journaliste n’enquêtera sur cette évidence : l’éducation nationale n’a pas pris la mesure du danger et n’a pris aucune mesure pour protéger cet enseignant. C’est ce pourquoi là que vous devriez interroger si vous vouliez coller à la réalité de l’enseignement d’aujourd’hui. Mais bon, vous allez nous expliquer comment enseigner la laïcité…

ADIEU MONSIEUR LE PROFESSEUR
Adieu Monsieur le Professeur
On ne vous oubliera jamais
Et tout au fond de notre cœur
Votre nom sera inscrit à la craie
La craie blanche du souvenir
D’un professeur devenu martyr
Pour avoir simplement proclamé
La tolérance, le respect et la liberté
Alors merci Monsieur le Professeur
D’avoir apporté votre lumière
Durant cette existence passagère
Dans les esprits et dans les cœurs
Adieu Monsieur le professeur.

Au journal de 19h, on a entendu « avant l’attentat, le rectorat a soutenu le professeur assassiné et lui a demandé de porter plainte » … mais pourquoi les enseignant-e-s doivent ils-elles porter plainte, individuellement, et pourquoi ce n’est pas l’institution Education Nationale en tant que telle qui porte plainte ? Pourquoi mettre en avant les enseignant-e-s en tant qu’individus dans des problèmes qui relèvent de l’institution pour laquelle ils-elles travaillent ?

On parle beaucoup de la solitude des enseignants, bien seuls face à la pression montante des anti-laïcité. Mais ces enseignants ne sont -ils pas aussi un peu responsables de cette solitude ? un dispositif intéressant avait été mis en place en 2014 je crois (dont je fais partie) : la réserve citoyenne avec des bénévoles de tous profils prêts à venir épauler les enseignants confrontés à la mise en cause de leur légitimité. Je suis intervenu quelques fois au début puis plus rien. Il parait que la majorité des profs n’en veulent pas…
Je voudrais savoir si ce n’est pas le moment de relancer ce dispositif.

Directeur d’une association porteuse d’un projet d’éducation populaire, je suis atterré et effrayé. Effrayé car, j’ai moi-même organisé des temps de débat avec des enfants et des adolescents sur la liberté d’expression, notamment grâce à une exposition de Cartonning for peace. Je le sens comme une cible potentielle…
Atterré car depuis 15 ans maintenant, j’ai été amené à travailler en milieu rural comme en quartier prioritaire de la Politique de la Ville : nos fédérations d’éduc’ pop, les associations ne connaissent que des budgets en baisse et des financements se réduisant à peau de chagrin. Une fédération va bientôt disparaitre, la FF des MJC… Nous, professionnels passons plus de temps à instruire et défendre des dossiers pour assurer notre survivre et éventuellement développer une action qui a un peu de sens… Mais quoi ? au lendemain des attentats de 2015, on nous a promis monts et merveilles, des maisons de la citoyenneté, on allait mettre le paquet en politique de la Ville… résultat : rien ou si peu. C’est à pleurer. On se bat pour des queues de cerises : le temps passés est devenu inversement proportionnel aux financements et on en oublie l’essentiel : notre mission d’éducation à la citoyenneté. Mais quand on parle d’éducation, on fait référence à du temps long : toute la politique de financement ne se joue que sur de petits intérêts locaux, y compris pour les préfectures qui saupoudrent les maigres deniers pour tenter de sauver les meubles. Les associations complémentaires à l’enseignements publiques crèvent à petit feu faute de moyen, alors que des projets qui apportent de la culture, du débat d’idée, de la convivialité me semblent encore plus essentielles aujourd’hui. Mais demain, je devrai construire un budget « tenant compte des ajustements économiques et développant des synergies de mutualisation avec les partenaires de l’association » : bref, on licencie ! un animateur jeunesse, dont une des missions était précisément de travailler à l’éducation à la citoyenneté et à la liberté d’expression avec des adolescents.
Triste à pleurer

Il n’est plus question, depuis l’attentat de vendredi, que de renforcer à l’École l’enseignement des principes et des valeurs de la république, ainsi que de l’esprit critique.
J’ai enseigné durant 40 années la philosophie, mais aussi l’éducation morale et civique. Ce n’est pas moi qui vais vous dire que valeurs et principes, cela n’importe pas. Mais durant ces 40 années, j’ai vu continuellement décroître la place des savoirs dans l’enseignement. J’ai vu le nombre d’heures de français en sixième divisé par deux.
Quand comprendra-t-on que savoir lire, connaître l’histoire, et même la physique et la biologie, sont les premières armes pour lutter contre tous les fanatismes, toutes les intolérances ?
Le ministre de l’Éducation nationale vient de déclarer qu’avec de nouveaux dispositifs, « Les élèves travailleraient sur les systèmes de croyance, non pas en ajoutant des heures aux programmes actuels mais au travers de grands thèmes en littérature, en philosophie ou en anglais. » Je crains que ce ne soit une nouvelle étape dans la destruction continue des disciplines. On ne veut pas voir que l’esprit critique et les valeurs ne peuvent pas faire l’objet d’un enseignement spécifique, et doivent passer par l’instruction. Pourquoi le Ministère de l’Éducation nationale ne reprendrait-il pas ce beau nom de Ministère de l’Instruction publique ? Instruire et éduquer ne s’opposent pas. Instruire, c’est déjà éduquer. Et c’est le premier rôle de l’École.
Merci !

Les matins de lundi seraient consacrés au meurtre de l’enseignant ce vendredi 16 octobre 2020. Je suis enseignante suppléante depuis 10 ans dans l’enseignement catholique en Ille et Vilaine. Je n’ai pas eu à subir de difficultés à enseigner sur des sujets comme mon collègue au cours de ces dernières années. Par contre, en dix ans, de manière générale j’ai vu l’école de la République se dégrader: des élèves avec de moins en moins de limite, soutenus par des parents à qui l’on a accordé beaucoup trop de place au sein de l’institution scolaire (des revendications au sujet des devoirs, sur la manière de noter) et à qui tout est permis (absentéisme sur jours d’école pour partir en vacances, absentéisme sur des années scolaires entières, des passages dans les classes supérieures alors que le niveau n’est pas acquis, bien évidemment ici il est aussi question de budget, difficultés d’apprentissage palliées par des visites chez les orthophonistes). Il ne faut pas généraliser et c’est vrai que tous ces actes sont minoritaires mais ce sont ces actions qui décrédibilisent mon métier et la République (tout est possible et tout est excusable). Aujourd’hui c’est un acte terroriste islamique mais si on en arrive à avoir la capacité à décapiter un être humain dans un pays en paix comme la France, c’est qu’un terrain propice à un non-respect de l’institution (et aux institutions en général) a été préparée. Si je vous contacte c’est que je vois la manière dont le débat va s’engager ce lundi : des responsables syndicaux de professeurs, de parents. Il sera question de mieux former les enseignants (tous ces organismes de formation pourraient faire l’objet de reportage sur votre antenne : leur financement, leurs actions et leurs résultats ; combien proposaient des formations sur le distanciel avant mars 2020 ?), nous aurons le droit au chapitre sur le budget de l’éducation nationale (le fameux manque de moyens) et puis nous aurons droit à de la compassion, à des mots de communication très bien choisis afin de marquer les esprits. Nous aurons donc un ping-pong verbal comme à chaque fois sans aller chercher les véritables problèmes (nous vivons dans une société de droit(s), mais où les devoirs s’effacent) et chacun rentrera chez soi jusqu’à la prochaine fois. Je ne suis pas syndiquée et c’est un choix. 10% des salariés en France sont syndiqués et par conséquence c’est à eux que l’on donne la parole. Qu’en est-il des 90% des personnes qui exercent une profession et à qui l’on ne demande jamais leur avis (même chose chez les policiers : je suis effarée c’est toujours le syndicat Alliance qui est interrogé). J’aimerais que dans une discussion de ce genre, des voix ouvrent de nouveaux débats ou plutôt que de nouvelles pistes de réflexion naissent : qu’est-ce qui ne va pas aujourd’hui ? Cela ne peut pas être seulement une question de formation des professeurs (qui sont passés d’un niveau Licence au niveau Master ces dix dernières années). Par ce courrier, je voulais juste apporter une petite part de vérité, le constat que moi et d’autres faisons chaque année, sur nos conditions d’enseignement.

Je suis en train d’écouter mon ministre qui s’entretient avec vous. Je voulais vous faire parvenir mon témoignage. Pendant des années, j’ai travaillé sur le totalitarisme, les génocides, le racisme et l’antisémitisme avec mes élèves dans le cadre d’un club sur le niveau 3ème et dans le cadre des cours. La dernière année, notre projet nous a valu de recevoir le Trophée Défense civisme décerné par le CIDAN gage de la qualité du travail effectué. Dans mon établissement aucun professeur d’histoire ne voulait s’engager dans ce projet qui demandait beaucoup d’investissement personnel hors temps scolaire (je ne leur reproche pas). Je suis prof de math, l’équipe était composée d’un prof d’SVT, de musique, d’art plastique, d’anglais, d’allemand. Il nous a été interdit par notre nouveau chef d’établissement, l’année scolaire suivant ce prix, de continuer notre action car aucun prof d’histoire ne faisait partie de l’équipe alors que ce projet avait été remarqué par un inspecteur général d’histoire. L’éducation nationale met les profs dans des cases. Un prof de maths doit faire des maths. Les chefs d’établissement préfèrent que certains thèmes ne soient pas abordés qu’abordés par un prof qui n’est pas de la matière immédiatement concernée. J’ai essayé de contourner le problème en me portant volontaire pour être référente DD et égalité des sexes. J’étais la seule, mon chef d’établissement n’a pas eu le choix. Mais pour chaque activité que je mets en place, elle exige que je sois adoubée par un collègue de SVT. Heureusement, mes collègues de SVT sont toujours partants. Voilà, on ne peut pas demander à tous les enseignant a s’investir dans ce type de projet chronophage, mais on ne devrait pas empêcher ce qui sont volontaires, qui font cela avec sérieux, de le faire pour le bien des enfants. Cordialement.
PS : je tiens à votre disposition les projets que nous avons faits si vous le souhaitez.

Je suis comme beaucoup bouleversée par ce drame et je vous remercie pour votre émission.
A vous écouter évoquer la formation des enseignants, je ne peux m’empêcher en tant qu’enseignante de regretter le fait que certains aspects de cette formation ou de son évolution ne soient jamais évoqués :

l’EMC est souvent dispensé par les professeurs d’histoire-géo mais pas obligatoirement : au lycée, souvent les professeurs de SES ou de philosophie l’enseignent également. En conséquence, la formation aux thèmes propres à l’EMC (et qui sont liés aux valeurs républicaines) est très peu présente dans les Masters MEEF qui préparent au métier d’enseignant. Pour se former les enseignants peuvent évidemment au cours de leur carrière assister à des formations (quand leur chef d’établissement les y autorise) mais l’offre ne cesse de diminuer au fil des ans.

En outre, la part des contractuels au sein des enseignants ne cesse d’augmenter. Or ces enseignants ne sont pas formés et donc pas armés intellectuellement pour aborder les questions « vives ». Ces enseignants s’autocensureront certainement d’autant plus que leur contrat est précaire et leur engagement souvent différent de celui des fonctionnaires.

Enfin la réforme du CAPES et des masters MEEF qui sera mise en place à la rentrée prochaine est de nature à affaiblir encore la formation des enseignants (diminution du disciplinaire au sein de la formation et au sein des épreuves des concours) et à aggraver la séparation entre fonctionnaires et contractuels, ces derniers étant amenés à être de plus en plus nombreux. Bref, elle n’est certainement pas de nature à protéger le corps enseignant…
L’objet de mon mail n’est surtout pas polémique dans ce moment de deuil. Il vise plutôt à ouvrir les yeux sur les transformations en cours au sein de l’éducation nationale qui entre autres, concourent à fragiliser cette institution.

Enseignant le français, l’hist-géo et l’EMC en LP, j’estime que le meilleur moyen de lutter contre ce terrorisme est de redonner des heures pour enseigner et dialoguer avec les élèves. Mais chaque année, le nombre d’heures diminue. Par exemple, mes élèves de première ont perdu 1h30 de cours par rapport à ceux de l’année précédente qui faisaient l’ancien programme. Que les politiques cessent de détruire l’éducation nationale, que les médias arrêtent de vanter bêtement les réformes du lycée pro sans aller vérifier sur le terrain !

Merci pour la qualité de vos émissions et la place donnée à la pluralité des points de vue. Juste vous faire part de 2 réflexions : 1) attention, sous le coup de l’émotion (normale suite à l’horreur de l’attentat de vendredi), à ne pas laisser s’installer les discours de haine, les réactions à chaud … certains (extrêmes de tous bords) pouvant progresser sur des terrains de chaos, de peurs … 2) en tant qu’ingénieur reconvertie en professeur des écoles, je suis effarée de voir les professeurs (notamment du systématiquement er degré) présentés comme irréprochables parce que professeurs. Ce qui s’est passé vendredi est ignoble en tant qu’acte mais pas parce que les professeurs sont intrinsèquement irréprochables. Non, ils ne le sont pas et l’éducation nationale grandira quand chaque professeur acceptera d’être remis en cause. Le professeur assassiné a bien fait son boulot apparemment mais il hérite d’une défiance des parents et enfants vis-à-vis de l’école où l’on ne les écoute pas assez, où les profs se veulent trop souvent au-dessus de tout, jamais remis en cause, souvent incapables d’enseigner à penser car incapables d’accepter la contestation, effrayés par le monde extérieur, ignorants de la valeur de l’erreur et systématiquement en recherche de la faute, refusant l’insolence associée à leur remise en cause … Il faut faire bouger l’école et la faire bouger vite à mon avis. Merci et bonne fin de journée

Tu étais prof Jamais tu n’aurais dû côtoyer la mort Tu enseigner l’histoire Tu es parti sans un au revoir De la liberté Tu essayais de les imprégner De ton enseignement Jamais on était mécontent En marchant dans la rue Jamais tu n’aurais cru… Que ton élève dépité T’aurais décapité C’est ton enseignement Qui a créé son énervement Ta mort nous a choqué Ton histoire nous as tous touché On t’a pleuré Le peuple s’est mobilisé Tous sont indignés On tas rendu hommage En exprimant toute notre rage En scandant : Samuel Paty On t’oublie pas Notre ami Elina darbès Bonjour, suite à la tragédie qui touche la France jai écrit un poème pour rendre hommage au professeur Pouvez vous la lire pendant votre émission? Merci Cordialement
Décapitation

Madame, Monsieur,
La décapitation de Samuel Paty est un acte qui dépasse en importance les attentats terroristes qui l’ont précédé, parce qu’il s’attaque à ce qui fait le coeur la République.
Les mots de suffisent pas. Ni, me semble-t-il les premières décisions de J.M. Blanquer.
L’ensemble de la nation doit manifester plus explicitement son inquiétude et sa détermination. Je juge indispensable – et je propose pour le court terme afin que se lève un mouvement d’ensemble des consciences d’où pourront naître les transformations à venir – ce qui suit. Chaque français doit porter, pour la période des congés scolaires de la Toussaint, en toute circonstance publique, un brassard noir, témoin de son deuil et de sa volonté de participer au mouvement général de ressaisissement des valeurs républicaines qui s’impose. L’ensemble du corps enseignant doit réfléchir activement au déroulement efficace de la semaine de rentrée de Toussaint, du 2 au 7 novembre, semaine qui sera banalisée.
Dans chaque établissement scolaire public, des activités seront mises en place en continu, centrées sur la participation de tous, élèves, personnel enseignant et parents d’élèves.
Ces activités mobiliseront à temps plein le personnel enseignant de l’établissement autorisé à se faire accompagner par ceux-ci quand se poseront des problèmes de garde de ses enfants. Elles auront pour objectif la mise en exergue et en valeur des exigences de la laïcité républicaine et du primat de la liberté d’expression. Elles pourront utiliser tous les supports disponibles et toutes les formes de la réflexion et du dialogue.
Elles s’attacheront à fournir une information aussi complète que possible, adossée aux compétences de l’établissement, sur l’origine des trois grands monothéismes présents sur le territoire national et sur les problèmes posés par leur compatibilité avec les valeurs des lumières et avec les règles de la vie sociale telles que définies par la loi, dans une perspective historique et contemporaine. On y dénoncera l’injustifiable dérive islamiste, menace qui plane aujourd’hui sur la démocratie.
Toutes affaires cessantes, les corps d’inspection seront mobilisés pour l’impulsion et le soutien de ces actions largement ouvertes à l’initiative locale des chefs d’établissement et des équipes enseignantes. A l’issue de cette séquence de cinq jours, la caricature publiée par Charlie Hebdo d’un Mahomet accablé disant « C’est dur d’être aimé par des cons » sera placardée à l’entrée de tous les établissements scolaires publics du 9 novembre au 14 novembre pour signer et signifier la prise en charge collective – au niveau de la formation initiale et dans la perspective de la formation de tous les citoyens – des nécessités de l’apprentissage de l’esprit critique et de la lutte acharnée de la France contre tous les obscurantismes, incarnés aujourd’hui par l’islamisme sans qu’on doive pour autant écarter d’autres vigilances.

La politique scolaire du gouvernement
Je suis professeur de Lettres Histoire en lycée professionnel. Extrêmement choquée par le meurtre de Samuel Paty, j’aimerais signaler ma colère contre la politique des gouvernements successifs au lycée pro. Les élèves sont issus majoritairement de milieux défavorisés. Il y a une quinzaine d’années, le bac pro est passé de 4 à 3 ans. Il y a 2 ans, M. Blanquer a réformé le bac pro en supprimant des heures de cours disciplinaires : en français/histoire/géo/EMC, nous sommes passés de 4,5h à 3,5h en 2de (dont 1,5h d’histoire géo-EMC), 3h en 1ère (dont 1h d’HG – EMC) et 1,5h en terminale (dont 0,5h d’HG-EMC). Comment expliquer le discours dichotomique entre les enseignants piliers de l’école et le toujours moins d’école ? Comment remplir nos missions éducatives quand on attribue si peu d’heures ? Comment comprendre que Emmanuel Macron dise qu’il n’est pas question de créer des postes d’enseignants car « ils n’aident pas à redresser la France » (source : Le Canard enchaîné) ? Comment comprendre la réforme des retraites ? Le point d’indice gelé ? Comment comprendre le refus d’admettre tous les candidats au concours internes de l’enseignement après avoir supprimé les oraux cet été ? Bref, les enseignants ressentent beaucoup d’injustice.
Dérogation à la carte scolaire, surtout du fait de l’existence d’enseignement privé : le problème

Nombreux sont les intervenants qui font des discours sur la mixité mais combien sont ceux qui mettent leurs enfants dans des écoles et collèges de secteur ? les gens avec qui je vis (dans un milieu intellectuel bobo CSP+) font des grands discours républicains mais évitent les collèges populaires (peut-on faire le test auprès de vos intervenants?) !! N’est-ce pas le meilleur levier que nous ayons pour que le sentiment de faire partie d’une même société puisse être partagé par tous les jeunes !
Comment peut-on croire que le message de la république peut passer lorsque, dans les grandes villes, les enfants et jeunes des collèges populaires sont très majoritairement d’origine non française (dans le collège de mes enfants : 80-90% de jeunes d’origine africaines ou Europe de l’est) ? Comment peut-on croire que ces jeunes vont écouter le discours de laïcité alors que les enfants de milieux favorisés ne vont pas dans leur école ? La radicalisation est le résultat du rejet !
Tant qu’il y aura des collèges confessionnels le projet de laïcité et de mixité sera purement théorique !

Je suis professeure en collège dans le Val d’Oise depuis 20 ans dans la même commune et je fais le triste constat que la fuite vers le privé ne fait que s’accentuer : professeurs en difficultés, non remplacés, les familles des classes moyennes ont fuit vers le privé.
Les enfants qui restent ne sont pas dupe : la République les néglige, la colère monte et le professeur est seul pour ouvrir les esprits. Sans MIXITÉ SOCIALE pas d’ouverture à la liberté de penser possible. Les élèves sont enfermés avec leur mode de pensées.
Mes élèves ne veulent plus que je diffuse un extrait musical pendant la période du ramadan, se bouchent les oreilles lorsque je dis le mot « Noël », revendiquent de manière ostentatoire leur pratique du ramadan.
Il faut de la MIXITÉ SOCIALE, ceux qui sont dans la rue aujourd’hui inscrivent-ils leurs enfants dans les écoles publiques défendre l’école de la Nation ?

En ces jours de commémoration de l’assassinat de notre collègue, j’entends sur les ondes de ma radio compagne France Culture des débats sur la laïcité, l’islamisme, la difficulté d’enseigner, le rôle néfaste des réseaux sociaux en particulier. Cependant un sujet est totalement absent des débats : le devoir de protection de l’état envers ses fonctionnaires selon la loi comme celle du 13 juillet 1983 article 11 en particulier, obligation qu’il reconnaît par exemple, mais qu’il n’applique pas. La hiérarchie minimise et rechigne à apporter de l’aide, ne serait-ce que psychologique ou à travers l’empathie , et encore moins à aider dans le dépôt de plainte, à fournir de l’aide contre le harcèlement, à recevoir les parents harceleurs, à sanctionner les élèves qui insultent. La plupart du temps, la réponse est une mise en cause du fonctionnaire qui est rendu responsable de la situation « mais pourquoi avez-vous abordé ce sujet-là, vous savez bien que c’est sensible? » peut être une réponse ou bien on demande le passage d’un inspecteur pédagogique qui renforce encore la sensation de mise en cause personnelle. Je trouve regrettable que le thème de l’insécurité au travail, de la maltraitance psychologique, si silencieuse, de la mise en cause personnelle, de l’abandon du fonctionnaire par son employeur qui exige de lui qu’il remplisse ses obligations et même plus, mais qui ne lui donne pas la protection qu’il lui doit. Aujourd’hui certains choisissent de démissionner, d’autres sont en congé longue maladie pour ne pas craquer, d’autres se suicident, et maintenant, on laisse assassiner ceux qui luttent encore … Merci de m’avoir lue, j’espère que un peu de cette souffrance qui est la mienne et celle de vraiment beaucoup de mes collègues atteindra les ondes de ma radio.

Dans votre émission, vous avez parlé des professeurs en rendant hommage aux professeurs de collège et de lycée mais en oubliant que les enseignants de maternelle et de primaire sont aussi confrontés à la violence et à la contestation des valeurs républicaines. Il s’agit souvent du seul service public existant encore dans les quartiers. Que ce soit de la part de leur hiérarchie ou de la société en général, ils se sentent peu soutenus et peu considérés. Il suffit de lire les commentaires concernant les professeurs sur les réseaux sociaux pour voir qu’ils sont sujets au mépris alors qu’ils font leur travail dans des conditions difficiles. La preuve vous n’y avez même pas pensé. C’est tout une profession qui doit se sentir soutenue. Comment imaginer il y a cinquante ans qu’un parent vienne demander des comptes au professeur sur un sujet abordé en classe ? A présent, la moindre sanction est contestée. En un mot, tout le monde prend les enseignants de haut : la hiérarchie, les parents et même les élèves dans certains cas. Cet acte barbare est révélateur d’un climat malsain où l’on ne voit plus le professeur comme celui qui transmet des savoirs et des valeurs mais comme un quidam qu’on salue à peine et qui n’est là que pour garder les enfants. Comment ose-t-il en plus parler de religion et de liberté d’expression.