Pourquoi avez-vous parlé de ce film ? En parlant de « J’accuse » vous fermez les yeux sur les crimes commis par le réalisateur. Certes vous ne prenez que l’œuvre, la création de l’artiste, mais avant d’être artiste, d’être un « grand réalisateur », c’est avant tout, un homme. Un homme qui a violé, traumatisé et détruit des jeunes filles. Même si vos commentaires m’ont donné (une petite) envie de voir le film, vous m’avez surtout mis mal à l’aise. Une femme était parmi vous, comment a-t-elle pu valoriser la parole artistique d’un monstre ? Et pourquoi vous autres les hommes, pourquoi vous ne prenez pas position par rapport à ses crimes ? Certes, France Inter soutient le film, mais tapez du poing sur la table. Pensez à vos filles, à vos nièces, à vos amies, à vos sœurs, à qui ça pourrait arriver et à toutes ces femmes en France qui ne sont pas entendues. Merci pour vos critiques, mais pourquoi ?

J’ai 47 ans et j’écoute le masque depuis toujours, fidèle parmi les fidèles. Jamais je n’aurais pensé ne plus jamais vous écouter et cela me fend le cœur.
Tout autant que cela me l’a fendu quand j’ai vu le film de Polanski au programme. J’ai eu la nausée en écoutant les critiques unanimes sur ce film que j’imagine formidable mais que je boycotte tout autant que je vais boycotter cette émission culte.
Nous ne parlons pas d’un homme présumé innocent mais bien d’un homme reconnu coupable. J’aurais tellement aimé (rêvé) que vous appeliez à le boycotter vous-aussi en ces temps où chacun a un rôle à jouer pour que la honte change de camp…
Une ex auditrice triste et terriblement déçue.

J’écoute votre émission très régulièrement et ce depuis des années, et je vous remercie pour vos avis tranchés, vos bons mots et vos saillies.
Je vous écris ce soir pour la première fois suite à la programmation du film de Polanski dans votre émission. Ce n’est pas la critique artistique que je vise, n’ayant pas vu le film. Mais j’ai été assez choquée par la manière dont vos critiques ont encensé le film et l’auteur, le présentant comme l’un des plus grands réalisateurs existant, sans à aucun moment faire référence au contexte troublé dans lequel sort cette œuvre.
A une période de prise de conscience du cinéma français -et de la société toute entière-, suite aux révélations d’Adele Haenel à Mediapart ; et alors que votre émission est diffusée à la veille de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, j’ai le sentiment que le Masque et la Plume est complètement passé à côté de ce mouvement sociétal profond et riche de transformations.
Aujourd’hui en 2019, il n’est pas possible d’entendre sur une radio du service public pendant 20mn les louanges d’un artiste par ailleurs accusé à 5 reprises d’agressions sexuelles. C’est manquer de respect aux victimes, et de manière plus générale à toutes les femmes qui ont été l’objet de violences sexuelles et sexistes. Je ne dis pas que le film n’aurait pas dû être programmé lors de l’émission, mais une remise en contexte aurait été nécessaire, pour évoquer les faits ainsi que l'(im)possibilité de différencier l’homme de l’artiste. Là, à vous écouter, on avait l’impression que le « pauvre » Roman Polanski était victime d’une cabale féministe à l’instar de Dreyfus, et que vos critiques faisaient un mausolée à la gloire d’un homme injustement attaqué par le « système ».
La place et le traitement que vous avez accordé à ce film m’a donc mise très mal à l’aise. J’espère qu’à l’avenir vous saurez prendre davantage la mesure de ce que représente ce moment historique de libération de la parole que nous sommes toutes et tous en train de vivre, car il est loin de concerner le seul milieu du cinéma français.

Non, je ne vous écouterai plus, cela suffit cette schizophrénie contemporaine. Vous devez tous être très protégé et loin des prédateurs au Masque à la Plume cassée.
Non, l’œuvre d’un prédateur contemporain qui fuit la justice n’ a pas être défendue. Maintenant, je vous invite tous à venir participer à une ou plusieurs thérapie de groupe ou des victimes de viols, de pédophiles essaient de se reconstruire. Allez y, allez y! et expliquez pourquoi nous devons dissocier l’œuvre de l’auteur. Vous mettez sous les feux des projecteurs un prédateur qui un jour s’en prendra peut être à un ou une des vôtres.
Adieu Masque et Plume.

Cher masque, samedi était le jour des manifestations contre la violence faite aux femmes. Quel que soit le point de vue de vos chroniqueurs, je n’ai pas compris qu’ils se soient sentis autorisés à ne faire aucune mention des faits reprochés au cinéaste. Un mot peut-être pour ses victimes, même si vos critiques estiment qu’il est nécessaire de faire la fameuse différence entre ‘l’homme et l’oeuvre’. J’ai pris cela comme une gifle faite à toutes les femmes violées, agressées, réduites au silence par des institutions soucieuses de maintenir un status quo. C’est dans des moments comme celui-là que l’âge de vos chroniqueurs se fait sentir. Pour en finir avec l’impunité, une partie de la société essaye de faire entendre que la perception des œuvres peut être affectée par le comportement de leurs auteurs. Le déni de cette transformation ne fait pas honneur à vos critiques. Où était votre général Picquart ce soir?

Chers Masque et Plume,
J’imagine (j’espère) que mon message ne sera pas le seul. J’accuse étant un film France Inter, bien évidemment vous l’avez traité. Et vous l’avez tous vu, sans prise de position face au criminel qu’est Polanski. Je suis extrêmement déçue par votre équipe, qui oublie apparemment que c’est un criminel condamné, qui fuit la justice américaine depuis des décennies. 12 femmes l’accusent, 11 d’entre elles ont moins de 18 ans.
Je rappelle que Bertrand Cantat a tué la femme et l’actrice. L’homme et l’artiste sont donc une seule et même personne. En cessant d’encenser ces hommes qui abusent de leur pouvoir, nous créerons un nouveau monde égalitaire.
Adieu Masque, Adieu Plume.

Ce personnage est accusé d’avoir commis plusieurs viols (parfois après avoir drogué sa victime, qui s’était présentée à lui dans un cadre professionnel) et vous le cautionnez.
En ce cas, pourquoi ne pas laisser prêcher les prêtres accusés de pédophilie? Selon votre logique, il faudrait pouvoir distinguer le prêtre de l’homme.
Êtes-vous seulement capable de citer sans réfléchir les noms de trois réalisatrices qui disposent du budget de Polanski pour faire leurs films?
Les réalisatrices et les artistes femmes sont censurées parce qu’elles sont de sexe féminin, mais la juste cause à vos yeux, c’est de soutenir le présumé violeur en tant qu’artiste.
Ne voyez-vous pas que cela revient à alimenter la culture du viol, qui conduit inlassablement à relativiser ce crime?
Pendant votre émission, il y a eu au moins un viol en France (45 par jour).
Le violeur peut être rassuré: on dira le plus grand bien de son art et il ne sera probablement pas inquiété.
Ne comprenez-vous pas que les victimes sont agressées par votre complaisance?

Cher Masque,
J’accuse Michel Ciment de cécité : tous ceux qui comme moi t’écoutent depuis trente ans ont compris qu’il était un ami de Polanski et que ça lui ôtait tout regard critique ; avant même qu’il ne soit tourné, tout film de Polanski est pour Michel une réussite ; c’est finalement assez vain et il se ridiculise presque.
Par ailleurs, je t’accuse toi, mon Masque, du même travers de complaisance pour glisser sous le tapis, en trois mots vite prononcés en amorce, le contexte autour de Polanski qui pose quand même sérieusement question.
Allez, mon Masque, reprends-toi !

Roman Polanski rapproche l’affaire Dreyfus et son histoire personnelle et des persécutions qu’il subirait encore aujourd’hui. « Des histoires aberrantes de femmes que je n’ai jamais vues de ma vie et qui m’accusent de choses qui se seraient déroulées il y a plus d’un demi-siècle » peut-on lire dans le dossier de presse. Est-ce que ce rapprochement sert ou nuit au contenu du film ? La question ne sera pas posée.
Pourquoi la première image du film avertit-elle que tout ce qu’on va voir ici sont des faits avérés ( la phrase exacte n’est peut être pas celle-ci. Je n’ai vu le film qu’une fois mais je ne crois pas me tromper sur le sens) alors que le film est tiré d’un roman. Et qu’il romance plus d’une fois la vérité en attribuant à Picard un rôle qu’il n’a pas eu ? La question ne sera pas posée.
Pourquoi le film s’appelle -t-il « J’accuse » alors que Zola est traité comme une figure quasi muette, que son procès est décrit comme celui qui aurait opposé Picard et les accusateurs de Zola ? La question ne sera pas posée.
Ce film réduit l’Affaire à la recherche obstinée de la vérité par un militaire antisémite mais honnête face à la machination antisémite de la caste militaire. Pourquoi ne parle-t-il ni de la ligue des droits de l’homme, ni de Bernard Lazare, ni de Jean Jaures, ni de bien d’autres ? La question ne sera pas posée
Ce regard porté sur l’Affaire permet-il d’en tirer des leçons pour aujourd’hui ? La question ne sera pas posée
Comment un critique aussi avisé que Michel Ciment peut-il affirmer que ce film est Le film sur l’affaire que nous attendions depuis un siècle ? Je me pose la question

Mes amis du dimanche soir,
Passons sur votre « oubli » des affaires que Roman Polanski a aux fesses pour nous arrêter sur le cinéma, et le cinéma seulement. Les bras m’en sont tellement tombés en direct que je suis allé vérifier sur votre site internet : vous avez consacré 12’15 » à ce J’accuse certes bien ficelé mais quand même très empesé, limite ampoulé, pour ensuite expédier en 8 minutes Les misérables, film majeur dont je parierais qu’il va s’inscrire dans la durée, comme La haine (qu’on aime ça ou pas) l’a fait avant lui en France, ou comme Boyz N the hood l’a fait aux Etats-Unis, il y a bientôt trente ans.
Mais bon, c’est Polanski. La carte, les copains, tout ça…
Je vous garde comme amis du dimanche soir mais franchement, c’est pas toujours facile.

Cher M. Garcin,
Déception, agacement, colère : j’hésite sur mes propres sentiments après vous avoir entendu, les uns et les autres, escamoter le contexte des violences faites aux femmes qui entoure, entre autres, la sortie du film de Polanski. Bien sûr, cet homme reste présumé innocent et c’est très bien ainsi dans un pays de droit. Mais de là à ne rien contextualiser… Je fais le pari que s’il s’était agi d’un film d’Harvey Weinstein (qui jusqu’à nouvel ordre, n’est pas plus condamné par la justice que Polanski), vous vous seriez montrés plus diserts et bien plus donneurs de leçons, comme vous savez si bien le faire.
Comme disait Desproges : « me gourre-je ? » 🙂

Roman Polanski n’a pas su maitriser son sujet.
Les rouages de l’affaire, les manipulations qui ont amené la condamnation de Dreyfus, sont sont bien souvent laissés dans l’ombre.
La narration est aussi décousue que les galons du condamné.
Si on connaît l’histoire, on est désorientés, si on ne la connait pas on est perdus.
On ne voit qu’un fois Estherazy, personnage clé !
On zappe la scène capitale des aveux d’Henry.
On assiste en revanche aux aventures du colonel Picard, figé dans son uniforme comme un rôti de dindonneau surgelé dans son emballage qui s’adonne à des séances lénifiantes de puzzle tout en poursuivant une relation amoureuse à feu doux.
Les quelques bons moments sont dus à la présence et la justesse de Grégory Gadebois qui apporte le seul supplément de corps à cette oeuvre désincarnée.
A la question, Monsieur Polanski est-il coupable d’avoir commis sur un sujet aussi important, un film aussi insignifiant, la réponse est oui.

Cher Masque,
Je t’écris car je ne comprends pas ton engouement pour ce film mineur (sans jeu de mots) de Polanski. Quelle froideur et quelle distance confinant à l’absence d’empathie pour un sujet qui aurait mérité le déchaînement des passions! Convoquer le ban et l’arrière-ban de la Comédie française pour donner si peu à jouer, c’est triste!



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