Je fais partie de ces « profs de gauche » qui étaient jusqu’à peu de fidèles auditeurs de France Inter. Depuis quelques temps déjà votre traitement de l’information ne me convient plus et je m’informe par le biais d’autres médias. Mais là, la coupe est pleine !
Ce matin au journal de 6 heures, vous avez parlé du Corona virus (normal), du retour de François Fillon sur la scène que je n’ose qualifier de politique, et la candidature d’Edouard Philippe annoncée dans le journal Paris-Normandie. Je suis très heureuse donc d’apprendre que vous êtes lecteurs de ce journal, car, même si ce n’est pas le journal de ma région, cela m’a permis de faire une petite recherche et de constater que, comme l’immense majorité des journaux régionaux, Paris Normandie se fait le relai de la lutte des élèves, parents et professeurs contre les fameuses E3C, un des éléments de la réforme du lycée de monsieur Blanquer.
A ce jour DES CENTAINES DE LYCEES en France sont bloqués ou perturbés, dans l’agglomération du Mans, les 4 établissements sur 5 qui ont déjà fait passer les épreuves ont connu des perturbations plus ou moins importantes (manifestations, grève des professeurs surveillants, reports d’épreuves, passation des épreuves dans des conditions indignes d’un examen de l’éducation nationale – je ne peux plus dire « national »), en France les forces de police interviennent avec gaz lacrymogènes et matraques contre des lycéens et leurs enseignants essayant de les protéger.
Comment pouvez-vous faire semblant longtemps d’ignorer ce qui se passe ? Faut-il que je vous conseille de lire un peu mieux la presse locale ? Ou tout simplement de taper sur un moteur de rechercher « Blanquer E3C » ?
Pouvez-vous décemment vous considérer comme des journalistes indépendants quand vous ne relayez pas ces informations qui impactent des milliers de familles et des jeunes angoissés ? Quelles raisons ? Quelles pressions ? Faut-il ne compter que sur les humoristes de France Inter pour dire le vrai ? Pour informer ? Quel média êtes-vous devenu ? Certaines réactions de chefs d’établissement nous ramènent à une période de triste mémoire : « On fait ce qu’on nous », « on applique els instructions ». Il semble que les médias nationaux aussi aient fait un voyage dans le temps…

Je n’avais jamais trop cru aux théories du complot et à la complicité entre pouvoir et médias. Mais je suis enseignant et force est de constater le silence assourdissant des médias nationaux sur la réforme du Bac. Près de 200 lycées en grève, parfois bloqués, des épreuves systématiquement perturbées, repoussée voire annulées, des corrigés parus avant les épreuves, des inspecteurs qui choisissent eux-mêmes les sujets, des liens Youtube en guise d’épreuve, des corrections informatiques ruineuses pour l’environnement pour une compensation ridicule par rapport au travail investi et au résultat final qui ne représente que moins de 2% de la note finale, sans compter le stress d’élèves en évaluation quasiment permanente sans avoir le temps de se préparer pour cet examen désormais marqués par son improvisation et son impréparation. Le silence des média scelle le cercueil de plomb du bac national, et entérine le règne de l’arbitraire. La presse régionale s’en fait l’écho chaque jour, mais pas un mot, pas une image dans les médias nationaux. Qu’attendez-vous ? Que cette réforme passe dans le feutre et la vaseline, sous l’égide d’un ministre méprisant qui agit en DRH et persiste à considérer des centaines d’enseignants consciencieux comme une élite frange de gauchiste minoritaires et turbulents ? Il est encore temps pour vous de montrer que vous êtes réellement un service public dont la mission est d’agir pour le bien de tous et non de taire des sujets qui touchent à l’avenir de chacun d’entre nous.
Au secours, on nous tue!!!

Je suis une très fidèle auditrice d’inter, station avec laquelle je me sens plutôt en phase.
Ces derniers temps, je m’étonne de l’obstination avec laquelle vous taisez le mouvement de fond de contestation de la réforme des lycées opérée par Monsieur Blanquer. Chaque jour, des dizaines de lycées en France et en outre-mer connaissent des mouvements d’opposition aux E3C, nouvelles épreuves du nouveau bac, des lycées sont fermés ou évacués suite à l’annulation de celles-ci… La presse locale en parle, les antennes de France 3 en parlent… et Inter fait silence. Avez-vous des consignes venues des plus hautes autorités? Vous soumettez-vous au baillon alors que vous, fonctionnaires broyés, êtes également en lutte contre la machine à détruire le service public culturel autant que l’enseignement et l’hôpital?

Quelle déception, quelle tristesse de constater le silence et la complaisance de vos antennes concernant la réforme du lycée qui est une catastrophe pour tous à commencer par nos élèves. Une majorité d’enseignants se bat contre les E3C mais cela n’intéresse personne et est censuré par TOUS
les médias audiovisuels.
Une enseignante catastrophee en fin de carrière

Bonjour,
je m’étonne que la thématique des E3C et des très nombreux mouvements et événements qui y sont liés ne soient pas traités sérieusement par vos chaines (notamment France Inter et France Info). La seule évocation que j’ai pu entendre a eu lieu ce matin sur France info à propos de la garde à vue de lycéens suite à un feu de poubelle. Mais les raisons du blocage? Rien. Ce traitement (très peu glorieux) n’est pas digne de vos chaines et du service que vous représentez: parler de cette thématique à travers ce pauvre fait divers est révélatrice d’une vision à très courte vue (voire racoleuse) de l’actualité.
Les très nombreux événements liés à ces épreuves sont relayés par la presse locale mais ne « passent » jamais à l’échelle nationale alors que ces derniers sont de nature à proprement parler « exceptionnelle »: incidents à répétition lors des épreuves (dus aux professeurs en grève et mobilisés ou à l’impréparation de l’administration), inquiétude des parents et des élèves, forces de l’ordre dans des lycées, élèves menacés ou interdits d’épreuves du fait de leur mobilisation, blocages à répétition…
Merci de bien vouloir consacrer un peu de temps à ces faits et laisser de côté la « saga » anxiogène du coronavirus qui, au regard de la grippe, relève du micro événement en France.
Un fidèle auditeur de plus en plus dubitatif quant à la rigueur éthique et journalistique de vos rédactions.

Bonjour,
La communauté enseignante est globalement sidérée devant l’absence d’information nationale sur les luttes locales et nationales menées, entre autres, dans plus de 600 lycées de France contre la réforme Blanquer et celle des retraites. Des professeurs et lycéens qui se mobilisent par milliers dans leurs établissements pour protester, entre autres, contre des conditions de passation d’examens complètement iniques et en rupture complète d’égalité, se font matraquer, gazer, garder à vue par la police, cadenasser par leur direction et humilier par leur ministre. A quand la fin de cette omerta médiatique? A quand la communication des violences qu’on exerce à leur encontre devant les établissements? A quand des témoignages d’enseignants, de parents d’élèves et de lycéens opposés aux réformes et confrontés à une répression tous azimuts ? A quand des journalistes spécialisés pour répondre à la langue de bois ministérielle, pour exercer un questionnement et un regard critiques sur les propos tenus, pour confronter les effets d’annonces à la réalité concrète des faits et des textes, pour décortiquer et analyser ce que l’on se contente le plus souvent de diffuser comme parole d’évangile ? A quand l’information neutre, pluraliste et objective sur ces questions là ? A quand, tout simplement, l’information ?

Je réagis après coup à une émission du 19 janvier dans laquelle Ali Badou recevait Jean Michel Blanquer.
Dommage que le sujet des E3C n’ait pas donné lieu à l’évocation du problème de la différence de reconnaissance entre les différents bacs en fonction du lieu dans lequel il sera passé… 10% de la note du bac viendra du contrôle continu à proprement parler, 30% viendra des E3C, passés et corrigés au sein même des établissements… Soit 40% de la note totale. Autant dire, en ce qui me concerne que le « bac 93, » que nous craignions auparavant est à nos portes…
Moi qui ai été élevée à Aubervilliers, qui y ai passé mon bac dans un lycée public et qui ai été reçue au lycée Henri IV en prépa en 1991, je ne sais pas si un tel parcours serait toujours possible aujourd’hui….
Merci pour la qualité de vos émissions ! (ce n’est pas parce que je me permets d’intervenir que je jette le bébé avec l’eau du bain !)

Pour aller plus loin, retrouvez tous les sujets sur les épreuves anticipés du bac diffusés sur nos antennes :

France Inter

France Culture

Franceinfo

France Bleu

https://www.francebleu.fr/recherche?q=bac
https://www.francebleu.fr/recherche?q=e3c