« Faut-il parler anglais pour comprendre la radio ? »

De nombreux auditeurs interpellent souvent le Médiateur à propos de l’usage parfois inconsidéré des anglicismes. C’est d’ailleurs un des thèmes de cette Semaine de la langue française. Bruno Denaes a interrogé Bernard Cerquiglini, linguiste, professeur d’université et, entre autres, ancien Délégué général à la langue française.


« Comment une radio comme France Culture peut-elle nous infliger sur son site internet le terme « ransomware », alors que le mot français existe ? », écrit Franck.
On peut dire en effet « logiciel de rançon » ou « rançongiciel ». Le mot logiciel existe en français depuis longtemps. On dit par exemple progiciel et didacticiel.

Les anglicismes liés aux nouvelles technologies

« Ils correspondent souvent à un effet de mode ; mais « la mode c’est ce qui se démode », disait Cocteau.

« Suivez-nous en streaming », « Likez nos posts», « A retrouver sur la homepage ». Remplacer « streaming » et « likez » semble toutefois mission impossible… Mais ce n’est pas l’avis de Bernard Cerquiglini.
Denis écrit : « J’ai entendu avec plaisir Jean-Noël Jeanneney faire part de ses réticences à utiliser le verbe « podcaster », mais il l’a quand même utilisé. Pourtant, il y a quelques années, France Culture nous parlait de « balladodiffuser ». En fait, ce mot n’a pas été vraiment adopté par les Français, contrairement aux Québécois. « Effectivement « podcast » est ambigu: c’est une diffusion en différé ou un téléchargement ».

L’arrivée de nouveaux mots

Cette Semaine de la Langue française essaie de promouvoir de nouveaux mots français. Le Médiateur a découvert le joli mot « Télésnober » ; que signifie-t-il et a-t-il une chance d’être réellement adopté ?

« C’est un mot-valise : on préfère le virtuel au réel. En fait, comme « ballodiffuser », « télésnober » nous vient du Québec où on semble beaucoup plus respectueux de notre langue que les Français… Le Québec a su réagir ; le français aussi a su réagir, il possède ses Institutions (La délégation générale à la langue française et aux langues de France).

Certains journalistes à qui le Médiateur fait des remarques sur l’usage d’anglicismes lui rétorquent : « Une langue, ça vit et ça évolue. Il y a toujours eu des emprunts à l’étranger ». Ce n’est pas faux historiquement. Le lexicologue Jean Pruvost vient de publier un livre au titre quelque peu provocateur : « Nos ancêtres les Arabes ». On y découvre, par exemple, que « algorithme » venait de l’arabe. L’arabe est la troisième langue à avoir fourni des mots au français.

 

pour aller plus loin >>>La langue française : une des missions principales du Médiateur