« Les anti-5G… encore une nouvelle communauté. Pourquoi ne parle-t-on pas de personnes favorables à la baisse des tensions énergétiques, à la consommation raisonnée ? Non. Il faut les qualifier « d’anti-quelque chose » » écrit un auditeur en début de semaine.
“Pro-5G » contre “Anti-5G” du côté des auditeurs, et “Innovateurs” contre “Amish” sur la place publique. Les réserves de la gauche écologiste envers la 5G ont tourné à l’affrontement politique avec Emmanuel Macron, les Verts reprochant à l’exécutif un passage en force et le président les taxant d’obscurantisme. Cette semaine, le dossier s’est donc accéléré avec des postures politiques renvoyant chacun à des positions tranchées et les auditeurs se sont engouffrés dans le débat demandant aux journalistes de remplir pleinement leur devoir d’information sur cette nouvelle technologie.

Le chef de l’Etat a promis lundi, devant des entrepreneurs du numérique, de « tordre le cou à toutes les fausses idées » sur la 5G, au lendemain d’une tribune cosignée dans le Journal du Dimanche par près de 70 élus LFI et EELV – dont Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot – et réclamant un moratoire à la mise en œuvre du nouveau réseau mobile. « La France va prendre le tournant de la 5G parce que c’est le tournant de l’innovation », a insisté le Président en ironisant sur ceux qui préfèreraient « le modèle Amish » et le « retour à la lampe à huile ». Les Amish sont une communauté chrétienne américaine connue pour mener une vie simple à l’écart des technologies. Sans adopter ce choix austère et radical, les auditeurs qui nous écrivent s’interrogent sur cette nouvelle technologie mobile et regrettent que l’aspect économique soit davantage valorisé que les questions environnementales : « Les contres arguments présentés pour légitimer le déploiement de la 5G ne tiennent pas compte des contraintes environnementales. Le sujet est traité d’un point de vue économique et pas d’un point de vue écologique. J’ai vraiment le sentiment que le monde économique prend encore de haut les sujets environnementaux. »

Un autre auditeur estime lui que : « trop souvent le débat de la 5G tourne autour de la santé. Il serait intéressant d’aborder le débat sous l’angle de la dépense énergétique. Est-ce raisonnable de s’équiper d’une technologie aussi énergivore, sous prétexte d’être un enjeu stratégique majeur, tout en souhaitant lutter contre le réchauffement climatique ? ».

Un rapport, commandé par le gouvernement dans le cadre du déploiement de la 5G, souligne qu’il n’y a pas « d’effets néfastes avérés à court terme en-dessous des valeurs limites recommandées concernant l’exposition aux ondes électromagnétiques », écrivent les auteurs, qui s’appuient sur « un grand nombre » d’études publiées sur le sujet depuis 1950. Remis mardi, ce rapport avait été commandé au début de l’été par le gouvernement pour répondre à la demande de « moratoire » sur l’attribution des premières fréquences 5G, exprimée par la Convention citoyenne pour le climat. Il a été établi par le Conseil général de l’environnement et du développement durable, l’Inspection générale des affaires sociales, l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’économie. De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, l’Anses, indique sur son site, qu’une étude publiée en 2013 ne met « pas en évidence d’effets sanitaires avérés ». Mais dans un rapport rendu public au début de l’année, l’Anses observait « un manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels » de certaines fréquences liées à la 5G.

Juste reflet des préoccupations de nos concitoyens, les courriels reçus cette semaine témoignent de leurs préoccupations environnementales, sanitaires et scientifiques à l’égard de la 5G. Les auditeurs souhaitent des informations pratiques et suivies sur le sujet. En pleine polémique sur ce déploiement, le gouvernement a d’ailleurs voulu rassurer les élus locaux et les citoyens en promettant la publication « systématique » des données sur cette nouvelle technologie mobile, ainsi qu’un renforcement des recherches scientifiques comme des contrôles sur le terrain. Les enchères pour l’attribution des premières fréquences de la 5G doivent se tenir ce mois-ci.

La 5G est donc un dossier ultrasensible et multi-dimensionnel : numérique, technologique, économique, énergétique, écologique, sanitaire, social et politique bien sûr, puisqu’il agit comme un révélateur d’intentions tactiques dans la perspective de 2022.

Sujet pour la présidentielle et objet d’échanges nourris

Mercredi, les auditeurs de Franceinfo ont pu écouter Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques débattre avec Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV sur l’utilité ou non de cette technologie. En préambule de son intervention, Julien Bayou a remercié le service public d’organiser cet échange au cours duquel il a indiqué qu’on n’a pas « besoin » de « brosses à dents et des frigos connectés » quand Cédric O répétait lui, que « la 5G est utile et indispensable ».

Toujours sur Franceinfo, Valérie Pécresse a déclaré hier qu’elle souhaite qu’ « on accélère le déploiement de la 5G ». La présidente de la région Île-de-France pense « que l’État devrait demander à l’Organisation mondiale de la santé de faire une étude comme elle l’avait fait au moment de la 4G pour rassurer les Français ». Elle a appelé à une « compilation » de « toutes les études qui sont faites dans le monde. Compiler et émettre des recommandations qui soient des recommandations consensuelles et mondiales. »

La 5G, pion d’expression sur l’échiquier politique, a mobilisé cette semaine différents acteurs de gauche à droite, mais ce ne sont pas les seuls interlocuteurs à s’exprimer et nous reviendrons demain sur le traitement éditorial de ce dossier avec Anne-Laure Barral, spécialiste environnement, dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo à 11h51.

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes