Le principe de la chronique d’Augustin Trapenard « les lettres d’intérieur » a séduit au point que, nous sont parvenu ensuite des lettres d’intérieur des auditeurs, également des poèmes et des textes que nous avons publié durant cette crise sanitaire. Retrouvez une sélection ci-dessous :

Lettre #12 : 13 au 20 mars 2020 

Retrouvez les textes et lettres d’auditeurs ci-dessous :

Lettre d’une auditrice
Je voulais partager un petite texte écrit cette nuit pour ma fille aînée…
« Avoir 20 ans en 2020…
Avoir 20 ans aujourd’hui…
Avoir 20 ans le premier jour du confinement…
Ma fille, tu t’en souviendras toute ta vie de tes 20 ans !
La surprise, la fête étaient organisées. Les cadeaux sont achetés. Le gâteau vegan était commandé. Ta famille devait te célébrer…
Mais voilà, rien ne se passera comme prévu.
Ma fille tu as 20 ans aujourd’hui …
Est-ce le plus bel âge de la vie… sans doute pas, mais je te souhaite de profiter à fond de tes 20 ans. …

Lettre #13 : 20 au 27 mars 2020 

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Je m’appelle Arthur , j’ai 15 ans
Je souhaitais partager ce texte, que j’ai écrit, sur mon ressenti sur le confinement.
Notre routine quotidienne commence à se faire loin maintenant. Le réveil à 6h40, le bus scolaire, les inter-cours et les repas au self du lycée semblent d’une autre époque. Mais ils ne datent que d’une semaine. On l’a pourtant vu arriver progressivement, en Chine, en Europe, en France, puis chez le voisin maintenant. Mais personne n’était prêt à laisser ses habitudes de côté comme ceci.
..

Lettre #14 : 27 mars au 3 avril 2020


Je suis de ceux qui ont eu un grave accident de la route, en moto, à l’âge de 30 ans
Je suis de ceux qui comme 6 millions de personnes vivent avec un handicap
Je suis de ceux qui se déplacent en fauteuil roulant
Je suis de ceux qui ont connu les urgences médicales (les meilleures comme les pires)
Je suis de ceux qui ont connu l’hôpital de l’intérieur, l’APHP en particulier
Je suis de ceux qui ont connu l’avant entretien de Bichat sur la douleur
Je suis de ceux qui ont connu cette douleur et qui vivent avec aujourd’hui
Je suis de ceux qui vénèrent les infirmières, les infirmiers, les aides-soignants, les agents hospitaliers ….

Lettre #15 : 3 au 10 avril 2020. 


Les soigneurs 
Aux jeunes soldats des grandes guerres, on offrait des fleurs 
À vous, des balcons, nos tendres applaudissements enjôleurs 
Armés en blanc, vous partez réanimer et secourir les victimes 
Vous avez toute notre reconnaissance et une profonde estime 

Vous y allez la boule au ventre, une légitime et vaste peur 
Dans vos tranchées, vous attendez l’ennemi sans stupeur 
Courageux, vous vous galvanisez contre ce virus nuisible 
Qui s’attaque à nos poumons, pernicieux et imprévisible 

Vos ennemis sont nos maladies de plus en plus inattendues 
Guerriers précautionneux, vous les combattez bien entendu 
Vos armes sont passion, service et dédicace à la profession 
Attentifs, diligents, vous prodiguez soins sans concessions  ….

Lettre #16 : 10 au 17 avril 2020  

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LETTRE A L.
Le confinement, voilà le moment rêvé pour t’écrire à toi mon fils et à tous tes collègues, quelques soient les postes qu’ils occupent, quelques soient les ondes sur lesquelles ils travaillent. Vous tous, journalistes, techniciens, réalisateurs, producteurs et tous les autres, continuez à nous maintenir en lien avec le monde, l’ailleurs, le dehors même si celui-ci semble voler en éclats.

Lettre #17-18 :  17 au 30 avril 2020

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MA LETTRE DE CONFINEMENT
Dès Aujourd’hui
Comme la plupart des journées d’avril que nous traversons, les rayons du soleil s’immiscent dans le logement dont je connais désormais les moindres recoins, après de longues semaines de confinement. Je ne peux en profiter que derrière la vitre, ce que j’ai déjà la chance d’avoir. Me voilà alors isolé à Dublin, où j’exerçais l’activité d’associé chercheur à l’Université de Dublin, Trinity College – loin de mes parents, de ma famille confinés en France dans la tendre ville de ma jeunesse.

Lettre #19 : 1er au 7 mai 2020.

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Lettre d’intérieur 
Bordeaux, le 3 mai 2020. 
Cher Augustin, 
Chaque jour confiné, je vous écoute. Je ne vous connais pas. Je suis un homme sauvé par les mots et le sourire. Je suis connu de mon amoureuse. De mes enfants. De ma famille. De mes amis aussi. Des mes collègues malgré le télétravail. Pas de quoi en faire take-over sur les réseaux sociaux. Votre voix m’est devenue familière. Ma promenade quotidienne. La magie de la radio. La voix. C’est tout. Sans artifice. 
Une vie confinée. Une sémantique nouvelle : « la vie d’après ».
….

Lettre #20 : 7 au 15 mai 2020

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Vendredi 8 mai 2020, 
C’est étrange, voilà 50 ans que tous les 8 mai (et 11 novembre aussi) je me réveille et me lève avec un objectif : être à l’heure. 
Discrètement, pendant que mon épouse dort encore, je vais me raser de près, puis me doucher. Ensuite je vais préparer un petit-déjeuner (il faut bien prendre quelques forces!). Quand les enfants étaient petits j’allais les réveiller, quand ils ne s’étaient pas réveillés d’eux même (comme leur papa). La fenêtre est ouverte, dehors c’est presque le silence habituel des jours fériés, je dis presque, parce que cette année, le silence est encore plus présent. Soudainement je réalise que je n’ai aucune raison de me précipiter, car cette année je dois rester à la maison. Les enfants, ils ont quitté le cocon familial depuis des années, mais eux aussi, aujourd’hui n’auront pas à sortir.

Lettre #21 : 15 mai au 22 2020

jaunes
On se croyait si fort, voire même invincible, 
Et voilà que soudain un mal nous prend pour cible. 
Il terrasse le monde et nargue les puissants, 
Il s’abat sur le faible en l’anéantissant. 
Ce mal pernicieux fait trembler la planète, 
Inconnu jusqu’ ici, devant lui tout s’arrête. 
Le combat est dantesque et l’ennemi cruel, 
Il n’épargne personne et ses coups sont mortels. 
Il frappe aveuglément, il n’a pas de frontière, 
Il n’entend pas nos voix ni même la prière. 
 
On se croyait si fort et devant l’invisible 
Nous voilà bien penauds, le mal est bien terrible. 
Il génère la crainte et instaure la peur, 
Il fait pleurer des cœurs enfantant la douleur. 
Le désordre grandit, la colère s’installe, 
Certains même déjà parlent de vrais scandales. 
La discorde est naissante et même les experts 
Ne se respectent plus et dénigrent leurs pairs. 
Il nous faudra du temps pour panser les querelles, 
En attendant chacun prêche pour sa chapelle. …