A l’occasion de la journée internationale des Droits des Femmes qui se déroule ce dimanche 8 mars , Laurence Jousserandot directrice de l’antenne est au micro de la médiatrice, Emmanuelle Daviet pour évoquer la place des femmes sur l’antenne. Laurence Jousserandot représente Franceinfo au Comité Diversité et Egalité de Radio France (CODIVEGA)

Emmanuelle Daviet : Comment veillez-vous à respecter la parité des voix des journalistes ?

Laurence Jousserandot : En y pensant constamment. Franceinfo se doit d’être le reflet de la société. Les femmes représentent 51 % de la population française. A Franceinfo aujourd’hui, on a 153 journalistes, 60 femmes, (40 %), mais cela progresse et on y travaille tous les jours. On l’a constamment en tête, notamment lorsqu’on choisit les journalistes qu’on va mettre à l’antenne au quotidien. Cela commence par la matinale, c’est une femme, Camille Revel, c’est une autre femme, Agathe Mahuet qui présente les journaux du matin. Dans la matinale au total, nous avons 8 femmes journalistes qui interviennent au quotidien sur des sujets aussi différents que les médias, l’environnement, l’économie, des femmes pertinentes, remarquables, par exemple Marie Colmant ou Olivia Leray. Il y a aussi nos femmes reporters, des femmes combattantes qui ont beaucoup donné pour en arriver là.
L’une d’entre elle qui était dans le quartier du Bataclan le soir des attentats, Mathilde Lemaire. Au lieu de faire demi tour comme tout le monde, elle a pris son scooter et a fait les directs toute la nuit…

Emmanuelle Daviet : Il y a aussi des femmes grands reporters qui vont sur les zones de guerre, des zones sensibles.

Emmanuelle Daviet : Accordez-vous une importance particulière à l’équilibre de vos invités Femmes/Hommes ?

Laurence Jousserandot : c’est un travail énorme sur une chaîne tout info de veiller à cet équilibre. C’est une vigilance de tous les instants, nos journalistes y pensent. Par exemple pour Jean-François Aquili qui présente les Informés tous les soirs, il a réussi à inverser la tendance, il a réussi à imposer des plateaux entièrement paritaires.

Emmanuelle Daviet : Où réside la difficulté ? Remarquez vous que des femmes expertes ne s’autorisent pas à prendre la parole ?

Laurence Jousserandot : La difficulté aujourd’hui ne réside plus dans la prise de conscience, mais la plus grosse difficulté c’est l’auto-censure des femmes. Si une femme n’est pas parfaitement, complètement experte sur son sujet, elle hésite ou elle dit non pour venir à l’antenne.
Il faut changer les mentalités, cela commence dès la petite enfance. C’est un très long travail. On y travaille beaucoup à Radio France, on a mis en place un annuaire d’expertes pour aider nos journalistes à avoir une liste de femmes sur tel ou tel sujet.

Emmanuelle Daviet : Est-il réellement possible d’équilibrer des sujets évoquant des Hommes et des Femmes ?

Laurence Jousserandot : il y a bien sûr des sujets typiquement masculins et d’autres typiquement féminins. L’essentiel est de continuer la lutte contre les stéréotypes, de ne pas opposer les sujets typiquement masculins et d’autres typiquement féminins, ne pas renvoyer les femmes et les hommes dos à dos. Longtemps les femmes dans les médias ont été cantonnées à un rôle de témoin ou victime, beaucoup moins à titre d’experte. Je pense notamment au domaine du sport, faire commenter des matchs par des femmes, c’est le cas par exemple avec Amaia Cazenave, Fanny Lechevestrier.
Notre rôle à Franceinfo est de veiller à faire intervenir des femmes qui peuvent susciter des modèles, des exemples qui peuvent être des références pour nos auditrices et auditeurs, des femmes qui suscitent des vocations.