Signer chaque jour un billet politique, c’est un plaisir et une liberté journalistique enviée. Mais il faut aussi savoir recevoir des critiques, car rien n’est plus clivant que la politique. Et l’intolérance n’est souvent pas très loin.

Frédéric Says qui propose chaque matin son Billet politique sur France Culture est au micro du médiateur.

 

 

Ses éditoriaux quotidiens suscitent de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux.  Selon le thème qu’il développe, l’éditorialiste est qualifié de anti-Macron, de pro-Mélenchon, puis de pro-gouvernemental, anti-LR, anti-France insoumise, mais aussi gauchiste, etc, etc.
Que répondre à ces auditeurs qui veulent absolument le « cataloguer » ?

« Si les reproches concernent toutes les tendances, c’est que je ne suis pas si loin du point médian. Evidemment, pour certains auditeurs, quand cela concerne « leur » parti, ils ont l’épiderme un peu plus sensible… Toutes les forces politiques ne sont pas au pouvoir et quand on est journaliste, on a tendance à questionner d’avantage le pouvoir : on s’intéresse plus à l’exécutif et en l’occurrence à Emmanuel Macron »

Pour Agnès, « Vous êtes toujours dans la critique. Vous ne relevez que ce qui ne va pas, au risque de développer le « tous pourris » ou le « tous menteurs ». Et pour Frances, « Vous jouez les chiens de garde en lynchant les élus ».
N’y a-t-il pas du vrai dans ces remarques ?

« L’expression « chiens de garde » est souvent utilisée à l’inverse pour dire « chiens de garde du système ». Je prépare mon billet la veille, notamment en repérant différentes informations, mais il faut panacher et resituer le contexte d’où vient un billet politique ; il permet de faire un pas de côté, de saisir des signaux plus faibles, de les rassembler et d’en tirer un raisonnement, quelque chose qui parle de l’époque ».

 

Il est vrai que les hommes politiques sont très doués pour susciter les critiques. Vendredi 27 octobre, le « petit précis de tartufferie » de Frédéric Says était un modèle du genre et a d’ailleurs suscité beaucoup de réactions.  Frédéric Says y relevait entre autres l’excuse surréaliste de la mélenchoniste Danielle Simonnet qui, malgré ses revenus confortables, refuse de quitter son HLM au prétexte qu’elle ne veut pas « enrichir un propriétaire privé ». Ou Laurent Wauquiez qui s’en prend à « l’élite parisienne déconnectée », alors que tout son CV correspond à cette élite.
Les contradictions, les principes à géométrie variable, les revirements de nos politiques sont source d’inspiration  ?

« Cela fait partie effectivement de sources d’inspiration dans un contexte où l’actualité va très vite ; les politiques se contredisent souvent d’une semaine sur l’autre et c’est bien de le relever. « 

Comment choisit-il les thèmes de ses éditoriaux ?

« La veille, l’après-midi, je fais une revue de presse classique et des réseaux sociaux ; je choisis un thème qui ne sera pas forcément traité dans l’actualité en longueur, et qui permet de faire un pas de côté… J’utilise aussi les interactions des auditeurs qui me suggèrent certaines idées de sujet : il s’agit d’une vigie collective… C’est le bon côté des réseaux sociaux ».